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Syrie : l'escalade "dangreuse"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat russe regarde dans la lunette d'un fusil, le 15 septembre 2017, dans les environs de Deir ez-Zor. ©AFP

Les signes se succèdent : deux généraux russes ont été tués la semaine dernière à Deir ez-Zor tandis que Daech annonce avoir capturé deux soldats russes. Il y a deux jours, un drone US visait l'unité d'élite du Hezbollah à l'est de la Syrie. Deir ez-Zor est-il désormais le théâtre d'une guerre opposant Russes et Américains? 

Dans son numéro du 2 octobre, le Saker francophone consacre un article à l'attaque par mortier qui s'est soldée par la mort du lieutenant-général russe, Valery Asapov, et deux colonels. 

Exactement comme dans le cas de l’unité de police militaire russe attaquée près de Deir ez-Zor, les Russes accusent les Américains d’être derrière cette attaque. Les Russes accusent maintenant officiellement les Américains de collaborer activement avec ISIS.

" Des unités des forces spéciales américaines permettent à des unités des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis d’avancer sans problème à travers les formations d’ISIS. Sans résistance des combattants d’ISIS (Daech NDRL), les unités des FDS avancent le long de la rive gauche de l’Euphrate vers Deir ez-Zor. Les photographies aériennes prises entre le 8 et le 12 septembre au-dessus des sites d’ISIS ont enregistré un grand nombre de véhicules américains Hammer utilisés par les Forces spéciales étasuniennes. Les clichés montrent clairement les unités de ces forces spéciales basées dans des places fortes équipées par des terroristes d’ISIS. Pourtant il n’y a aucune preuve d’attaque, de bataille ou de frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis pour en chasser les combattants. Bien que des positions américaines aient été localisées dans les zones d’ISIS, aucune patrouille de contrôle n’a été ordonnée. Cela suggère que les troupes US se sentent en sécurité dans les régions contrôlées par les terroristes.

Voici les cartes et les photos aériennes fournies par les Russes:

Ce que tout cela semble indiquer, c’est que le Pentagone a apparemment décidé d’attaquer directement les forces russes, quoique de manière non officielle. De son point de vue, c’est (presque) sensé.

Premièrement, il est on ne peut plus clair que les « bons terroristes » et les « mauvais terroristes » ont perdu la guerre civile en Syrie. Autrement dit, les États-Unis ont été vaincus, la Syrie, la Russie, l’Iran et le Hezbollah ont gagné et les Israéliens sont en train de flipper.

Deuxièmement, le plan américain d’utiliser les Kurdes comme fantassins/chair à canon a échoué. Les Kurdes sont à l’évidence trop intelligents pour se laisser entraîner dans une proposition aussi mauvaise.

Troisièmement, l’option américaine d’un plan B, la partition de la Syrie, est aujourd’hui directement menacée par les succès militaires syriens.

Et enfin, les Américains sont maintenant profondément humiliés et furieux de la réussite russe en Syrie.

Lieutenant-général Valery Asapov. (Archives)

 

Par conséquent, ils ont donc pris la décision de cibler directement le personnel militaire russe et ils utilisent leurs importantes capacités de reconnaissance combinées avec leurs forces spéciales sur le terrain, qui travaillent main dans la main avec les « bons » et les « mauvais » terroristes, pour viser et attaquer le personnel militaire russe.

Ce n’est pas la première fois, d’ailleurs. Il y a d’assez bonnes preuves qu’un hôpital russe près d’Alep a été visé par des moyens dont ne dispose par la succursale locale de Daech. Cette fois, cependant, les Américains ne cherchent même pas à le cacher. Le message semble être le grand classique favori des Américains, « watcha gonna do about it ? » (Qu’est-ce tu fais de ça ?)

Les Russes pourraient faire beaucoup de choses à ce propos, en fait. J’ai écrit à ce sujet dans mon article intitulé : L’utilité du déni plausible contre un adversaire systématiquement menteur. Si les gens du CENTCOM croient vraiment que leurs généraux sont tous en sécurité et hors d’atteinte, ils se trompent gravement. Contrairement aux Russes et, encore plus aux Iraniens, la plupart des généraux américains détestent prendre des risques et sont difficiles à faire venir en Syrie. Mais qui a dit que la Russie devrait exercer des représailles en Syrie ? Ou, en l’occurrence, que la Russie devrait recourir à des forces russes pour se venger ? Oui, la Russie a des unités spéciales formées à l’assassinat de cibles de grande valeur dans des pays hostiles, mais cela ne signifie pas du tout qu’elle pourrait décider de les utiliser. Des accidents peuvent se produire partout et les routes sont notoirement dangereuses au Moyen-Orient. Pourquoi est-ce que je mentionne cela ? Pour illustrer le fait que la Russie a des choix autres que d’entrer ouvertement en guerre.

Bien sûr, les Russes pourraient simplement lancer une volée de missiles de croisière Kalibr sur toutes les positions d’ISIS montrées dans les photos ci-dessus et ensuite dire : « Oups, vous aviez des gens embarqués avec ces types d’al-Qaïda ? Vraiment ? Nous ne le savions pas, pas du tout. » La Syrie a elle aussi un arsenal de missiles balistiques tactiques assez solide. Les Syriens pourraient frapper par erreur une de ces positions ISIS+US et exprimer leur consternation devant la présence de personnel militaire américain au milieu des terroristes. Il y a aussi le Hezbollah qui, par le passé, s’est même emparé de soldats israéliens dans des raids par dessus la frontière et qui pourrait décider de capturer lui-même quelques types des forces spéciales US. Et n’oublions pas les Iraniens qui n’ont pas eu une telle occasion en or de mettre la main sur du personnel militaire américain depuis de nombreuses années.

Les trois faiblesses principales du dispositif de forces américaines en Syrie sont : tout d’abord leurs propres forces en Syrie sont trop petites pour faire une différence, mais assez importantes pour être une cible intéressante et, ensuite que toutes les «  bottes sur le terrain » qui comptent sont contre elles (les Syriens, l’Iran, la Turquie, le Hezbollah et les Russes). Enfin, les deux seuls réels alliés des États-Unis dans la région ont trop peur de mettre des soldats sur le terrain : Israël et les Saoudiens.

Le résultat est que si les Américains pensent que les Russes et leurs alliés n’ont pas d’autres options, ils sont profondément dans l’erreur. Ils devraient aussi prendre en compte les conséquences d’avoir des Forces spéciales qui opèrent sur des positions avancées. Les Syriens réduisent rapidement la distance et cela pourrait ne pas être le meilleur moment pour chasser le personnel militaire russe.

Jusqu’à maintenant, les Russes se sont limités uniquement à des protestations et des manifestations de dégoût. À l’évidence, ce n’a pas été une stratégie efficace. Apparemment, les Russes ne comprennent pas que très peu de gens s’en soucient et que plus ils se plaignent, moins leurs avertissements sont pris au sérieux. Cette approche ne peut pas durer et les Russes « devront faire quelque chose », pour reprendre l’expression américaine.

Les choses pourraient devenir très dangereuses, très rapidement et très bientôt. "

 

Source : The Saker

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SOURCE: FRENCH PRESS TV